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Liaison 3e-2nde - Pistes - Justifier une réponse

dimanche 13 décembre 2009

Liaison 3e -2de - Yonne nord

Lors de la réunion du 13 octobre 2008, le bilan de l’évaluation a mis en évidence les défaillances dans le traitement d’une consigne fréquemment donnée aux collégiens comme aux lycéens : justifier une réponse. La décision a donc été prise d’accorder une attention particulière à la justification d’une réponse et de mettre en commun réflexion, démarches, activité concrètes… pour étoffer la formation des futurs lycéens. Je me suis engagée à suggérer une démarche de construction des compétences nécessaires pour réussir la justification d’une réponse. Le texte initial a été relu par deux professeurs de troisième, M. Delorme et Mme Vereb, puis par des professeurs du lycée de Joigny et des collèges environnants, lors d’une réunion. Les amendements proposés par ces professeurs ont été pris en compte.
L’évaluation 2009 portera donc particulièrement sur la rédaction d’une réponse justifiée. Il est bon que les élèves de troisième en soient informés.

1. Justifier une réponse : de quoi s’agit-il ?

a) Exploration du dictionnaire Le Robert : Justifier :
- faire admettre ou s’efforcer de faire reconnaître quelque chose comme juste, fondé
juste : qui a de la justesse, qui convient bien, exact, précis, qui est conforme
fondé : établi sur des bases, des faits, un raisonnement qui détermine l’assentiment
- confirmer (un jugement, un sentiment) après coup ; vérifier
- montrer quelque chose comme vrai, juste, réel, par des arguments, des preuves

b) L’écrit demandé

L’écrit demandé aux élèves relève de l’argumentation ; souvent il s’agit plus précisément de démonstration
« Argumenter » consiste à convaincre ou à persuader un interlocuteur que le propos qu’on tient est préférable à un autre, au nom de valeurs explicites ou implicites.
« Démontrer » consiste à établir qu’un propos relève de la Vérité, qu’il est exact, juste…
. Ce n’est donc pas un avis qui leur est demandé, mais une réponse réfléchie, nourrie de connaissances.

« quelque chose » est dit
à un interlocuteur
L’élève a pour interlocuteur le professeur ou le correcteur auquel il doit démontrer qu’il sait ou sait faire.
et soutenu à l’aide de faits, d’arguments, de preuves…

L’assentiment de l’interlocuteur est signe de la validité de la justification.

Il est donc sans doute efficace de former à la justification d’une réponse en préalable à l’étude de l’argumentation ou parallèlement et en prenant comme porte d’entrée l’écriture.

2. Quelles difficultés se posent à l’élève ?

Elles sont de trois ordres :
· comprendre la relation d’interlocution et la prendre en compte

· quel contenu ? que dire ?

· quelle forme ? comment dire ?

3. Quelles pistes pour l’enseignement ?

- Alléger les difficultés de contenu

▪ Utiliser l’oral collectif comme propédeutique à l’écriture : formuler oralement et collectivement une réponse justifiée, le professeur notant au tableau les principaux éléments, sous forme de mots-clés ; la faire rédiger individuellement ; retravailler collectivement cet écrit individuel pour aboutir à une rédaction satisfaisante.

▪ Dans les débuts de l’apprentissage, ne pas faire rédiger une justification qui n‘a pas été travaillée à l’oral afin d’éviter l’installation de mauvaises habitudes.

▪ Dans le cours de l’apprentissage, il est bon, dans le cadre de la préparation au brevet, notamment, de faire distinguer les questions qui n’appellent pas de réponse rédigée (« A quel temps tel verbe est-il conjugué ? », par exemple) de celles qui exigent une rédaction précise.

▪ Faire rechercher où peuvent se trouver les éléments de la justification :
- dans les connaissances ? Il convient donc, en amont, de faire mémoriser, contrôler la mémorisation, réactiver la mémorisation, utiliser les connaissances acquises.
- dans le texte ? s’agit-il de mots ou de groupes de mots que l’on peut citer ? quelles précisions, quelles explications faudra-t-il ajouter pour que la justification soit convaincante ?
- dans une mise en relation entre le texte et les connaissances ? comment utiliser les situations déjà rencontrées pour résoudre une question apparemment nouvelle ?
Dans tous les cas, les élèves devront prendre conscience de la nécessité de ne pas oublier le texte, d’y revenir pour mettre en évidence les éléments de la justification.

- Alléger les difficultés de rédaction

▪ Donner au cas par cas le vocabulaire nécessaire : mots, expressions, groupes de mots, mots de liaison… Il est possible de construire progressivement une fiche de vocabulaire.
Par exemple : Le champ lexical de… traduit/exprime/ contribue à créer…
Cette métaphore révèle…, souligne…, fait comprendre…, percevoir…, rend compréhensible…, perceptible…

Ces apprentissages gagnent à être réitérés et il vaut mieux diversifier progressivement le vocabulaire de l’analyse afin d’éviter les emplois figés et répétitifs.

▪ Faire lire le premier jet par quelques élèves, retravailler les productions, recopier un écrit satisfaisant.

- Conduire les élèves à prendre en compte leur interlocuteur-professeur-correcteur
▪ Organiser des relectures à deux

▪ Organiser des « prises de parole en continu » : un élève expose la réponse justifiée qu’il a rédigée ; la classe apprécie, complète, fait préciser…

▪ Enoncer des exigences de longueur, de vocabulaire, de syntaxe…

- Quand placer ces apprentissages ?

▪ Commencer modestement en 4e (cf. nouveau programme du collège, classe de 4e, partie écriture) en développant les habiletés acquises en 6e et en 5e lors de la rédaction de traces écrites1. Continuer en 3e.

▪ Dans le cours d’une séance de lecture analytique, faire rédiger ce qui vient d’être analysé en guidant la rédaction. Préférer ce travail quotidien et au long cours à des exercices systématiques qui feraient peu de sens. S’il est nécessaire d’expliciter « comment on s’y prend pour justifier une réponse », une séance en 4e, une autre en 3e suffisent. En 2de, ces bases seront confortées, consolidées, affinées… et, si elles sont solides, les élèves gagneront du temps, ce qui présente de l’intérêt puisqu’ils n’ont que deux ans pour se préparer à l‘EAF.

▪ Après une séance de lecture analytique, en post-paration, donner une question qui appelle une réponse justifiée et amène à réutiliser les apprentissages effectués.

Cela prend du temps ?
Certes mais les séances consacrées à l’entraînement au brevet pourront être bien moins nombreuses, puisque les apprentissages nécessaires auront été réalisés au cours des séances de lecture ou à la maison.
De plus une partie des apprentissages liés à l’argumentation est effectuée par ce biais.

1. En 6e, en 5e, dans les classes suivantes aussi, lors des séances de lecture analytique, la rédaction de la trace écrite par les élèves présente plusieurs avantages : mise en mémoire du texte, implication dans la lecture, maîtrise de l‘écriture de phrases, acquisition de vocabulaire. Il est judicieux d’avoir des ambitions très mesurées afin d’être très exigeant quant à la clarté de l’écrit.

Quelques suggestions :
- deux ou trois pauses durant la séance permettent de récapituler, résumer « ce que l’on vient de dire », d’abord à l’oral, puis à l’écrit, en s’aidant de mots clés inscrits au tableau ;
- des questions ouvertes fondent mieux la nécessité d’écrire que des questions fermées ;
- des questions qui concernent un véritable enjeu de lecture sont particulièrement fertiles. Par exemple, lors de la lecture de L’Appel de la forêt, la question « L’homme au maillot rouge est-il un allié de Buck ou son ennemi ? » posée au début et à la fin de l’étude rend nécessaire le recours au texte pour justifier le choix et conduit à interpréter le roman.

Il est souhaitable que, dans chaque établissement, ce document soit lu et discuté en équipe. Les professeurs présents à la réunion du 13 février pourront rapporter les propos de leurs collègues et nous aboutirons peut-être à un troisième document.

Bon travail à tous et à bientôt.

A.-M. Achard

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